VOSS


Inaïa MHOUDHOIR et Margaux POULIQUEN

La collection “VOSS” (2001) d’Alexander Mcqueen, continuité de “La poupée” (1997) est mue par la volonté de montrer ce qu’il advient lorsque “ il n’y plus de distinction faite entre le réel et l’irréel(The Fashion studies Journal, article d'Alma Hernández Briseño). Voss est à l’origine le nom d’un petit village Norvégien connu pour la préservation de sa faune naturelle. Le défilé autour de cette collection possède une scénographie particulière qui participera à sa renommée. Pendant que les mannequins défilent dans un box à vitres sans tain, une bande son constituée de battements de cœur mêlés à des voix qui murmurent créent une ambiance plutôt oppressante voire inquiétante. Le thème principal étant la santé, les tenues traitent d’états psychologiques et physiques. La faune a également sa place dans la collection. Ici, les oiseaux sont un symbole de liberté, rappelant le caractère initialement sauvage et incontrôlable de l’être humain. Les coquillages se raccordent, eux, à la notion de maladie qui s’accroche et s'ancre dans l’esprit.


 

 

 

Le dessin d'illustration de mode de la première tenue tend à exprimer la légèreté, la douceur et pureté qui s'en émane. Le fond est mis au service du rendu global, entrant en contraste avec celui-ci.

L'asymétrie de la tenue est une métaphore du trouble de la personnalité, lorsque deux cohabitent dans un seul corps. Une partie représente le côté sain, l'univers hospitalier grâce à la blouse blanche. En revanche, le second, garni de plume est plus explosif, cherche à s'émanciper du premier.

 

 

 

 

 

 

La deuxième illustration a été conçue avec la volonté de retranscrire la brillance et la luminosité des broderies ainsi que des coquillages utilisés au centre de la tenue. Les branches métalliques ont été dessinées dans la même optique.

La structure du vêtement est symétrique, rigide, dans une sorte de contrôle du corps et de l'esprit. Les branches acérées positionnées au niveau de la tête renforcent l'impression de cage qui s'en dégage. La juxtaposion des coquillages nacrés rappelle les mailles d'une armure. Le rendu métallique de celles-ci s'accordent avec les branches d'acier et alourdissent l'ensemble, symbolisant le poids de la maladie


Cette collection d'Alexander McQueen s'attaque à différentes notions récurrentes, constituant trois thématiques majeures. Celles-ci sont concentrées sur la condition humaine à travers le corps et l'esprit : la folie et l'enfermement, la faune sauvage et les maladies physiques et mentales.

 

 

Folie et enfermement

Cette tenue illustre tout un pan de la collection Voss.

En effet, la notion d'enfermement, que ce soit par la scénographie du défilé ou de par les vêtements conçus est omniprésente. Ici, la robe contraint le corps de la personne qui la porte en supprimant les habituelles ouvertures des manches à la manière d'une camisole. Ce choix de coupe évoque directement la prison mentale dans laquelle sont bloqués les patients en asile. Le parallélépipède qui surmonte la tête incarne la charge portée par ceux qui ont une maladie mentale. De plus, l'ensemble laisse seulement apparaître le visage, créant ainsi une enveloppe quasi-complète tout autour du corps qui vient renforcer l'idée de la réclusion. Les broderies qui l'agrémentent apportent une certaine douceur qui contraste fortement avec l'idée de l'entrave.

 



Faune sauvage

Une part du travail de l'artiste consiste à dépeindre le caractère sauvage voir indomptable de l'homme.

Celui-ci le refoule dans un soucis de bonne intégration de la société, cependant les maladies mentales sont l'expression de notre nature animale profonde qui devient incontrôlable. Les oiseaux sont le symbole de cet état qui dépasse l'individu et le fait s'évader de son enveloppe corporelle dans laquelle il se sent prisonnier. Le placement des rapaces au niveau de la tête apportent cette idée d'élévation, tout comme leurs postures qui nous laissent penser qu'il sont en mouvement.

La dimension violente de la tenue est soulignée par les serres de ceux-ci qui arrachent le haut du corps du mannequin. Cela créé un contraste avec la douceur des plumes.

 



Maladies physiques & mentales

Voss aborde également la question de la perte de son soi intérieur comme extérieur.  

Le motif du puzzle déconstruit, auquel il manque des pièces est une métaphore assez explicite de la dégradation, de la disparition ou de quelque chose. La mise à nu partielle du corps de la femme ci-contre sert à exprimer la vulnérabilité d'une personne malade. Les "trous" formés par le puzzle incomplet représentent aussi la perte de l'identité, de la mémoire. L'illustration de celui-ci (le château-fort) combiné aux couleurs pastels, claires et lumineuses de la tenue évoquent la douceur de l'enfance, la rêverie. Le fait d'avoir ôté ces petites composantes de l'image créé un effet de contraste entre le solide, l'ancré dans la roche et le fragile, le menu.